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votre complice. C’est dans l’assurance de votre discrétion que je prête la main à ces projets. »

À la poste où j’étais descendu pour me réchauffer pendant qu’on relayait, je reçus la visite des autorités du lieu. Les municipaux voulaient à toute force visiter les caissons dans le soupçon, disaient-ils, qu’ils renfermaient des trésors.

Je leur résistai avec la même opiniâtreté, me bornant à dire que j’ignorais ce que contenaient les caissons que seulement je pensais que cela pouvait être des effets à l’usage du Roi. Ils insistèrent en me traitant d’agent du Roi emportant de l’argent à l’étranger. Je persistai de mon côté. Je fis monter les postillons sur leurs chevaux et les forçai à se mettre en marche, ce qu’ils firent, et me délivrèrent de ces importuns. J’ai su depuis, par M. le comte de Blacas, qui passa après moi, que les mêmes hommes avaient été trouver le maire, M. de Nully d’Hécourt[1], pour lui dire que je n’étais pas très éloigné et qu’ils allaient faire courir après moi et m’arrêter, que la présence d’esprit et la louable façon de penser de cet honnête royaliste avait tout sauvé en leur disant :

— Ne reconnaissez-vous donc pas ce voyageur ?

  1. Le maire de Beauvais a laissé d’estimables souvenirs dans cette ville. Une rue y porte encore son nom.