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chevaux des écuries du Roi et me rendis à Saint-Denis sans éprouver beaucoup d’obstacles. Là, je pris des chevaux de poste et j’arrivai jusqu’à Beauvais après avoir essuyé des averses fines et glaciales sur un terrain détrempé[1]. Dans cette ville, je devais rencontrer des difficultés plus sérieuses. À peine étais-je arrivé à la poste aux chevaux qu’on vint m’annoncer une visite. C’était celle de M. Saal, officier d’origine bavaroise, chevalier de la Légion d’honneur et commandant la gendarmerie de cette ville.

« Ne vous inquiétez pas, me dit-il, mon cœur est attaché par les liens les plus fidèles à l’auguste dynastie des Bourbons. Le but respectable de votre haute mission m’est connu. Vous courez de grands dangers car vous devez suivre la route d’Abbeville qui est infesté de mauvais Sujets. Si vous n’êtes pas sous meilleure garde vous serez infailliblement dévalisé. Je vais donc faire placer sur votre passage le plus grand nombre possible de mes gendarmes, mais ayez soin de ne pas paraître les apercevoir. Les événements se dessinent de telle sorte que je ne puis pas sembler

  1. On sait qu’une température exceptionnellement mauvaise, que des pluies diluviennes et incessantes, signalèrent le printemps et causèrent de grands dommages dans les troupes de Louis XVIII et des Anglais comme dans celles de Napoléon.