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Le lendemain, Sa Majesté me fit mander pour me faire connaître ce qu’Elle attendait de moi. Il fallait transporter le précieux bagage à Calais et, de là, le faire passer en Angleterre. Il était nécessaire d’agir avec la plus grande prudence. M. le comte de Blacas me remit les sauf-conduits et les passeports qui m’étaient nécessaires, un état des joyaux de la couronne dressé par M. de Gournay[1] et m’engagea à quitter les Tuileries vers minuit. Il me donna également une lettre de recommandation pour M. le comte de Cély, commandant de la place de Calais, dont la grande fidélité était connue du Roi.

Je devais partir à minuit, le 20 mars, mais quelques mouvements se faisant remarquer dans la troupe pour s’opposer à mon départ je ne pus sortir des Tuileries qu’à six heures du matin. Chacun des caissons qui composait le convoi portait en même temps deux gendarmes déguisés et fortement armés. Les intentions du Roi, qui me furent transmises par M. le comte de Blacas, portaient de me rendre à Calais et d’y attendre les ordres ultérieurs de Sa Majesté.

Je partis donc dans une chaise de poste avec des

  1. Le chevalier Radulph de Gournay, trésorier-général du garde-meuble de la Cour, chevalier de Saint-Louis.