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Pour toute réponse mon frère reçut communication de la note suivante :

« M. Hüe avait été effectivement autorisé à accompagner la fille de Louis XVI à Vienne. À cet égard, il serait ridicule de l’assimiler aux émigrés. Mais l’autorisation qui lui fut donnée dans le temps ne lui accordait ni la faculté de s’attacher particulièrement au comte de L’Isle, ni celle de se rendre l’agent de la correspondance et des manœuvres des Princes. »

Cette vexation, dont je m’honorais plus que je ne m’en indignais puisqu’elle était une preuve de mon attachement bien naturel à mes princes légitimes, fut bientôt suivie d’un acte également arbitraire.

En 1813, ma femme obtint de Madame la permission de rentrer pendant quelque temps sur le sol de France où l’attiraient des affections et des intérêts de famille[1]. À peine était-elle arrivée à Calais qu’elle fut appréhendée au corps, conduite

  1. Pendant son séjour à Hartwel où elle occupait les fonctions de dame lectrice du Cabinet, madame Hüe, que la duchesse d’Angoulême honorait d’une dilection toute particulière, reçût d’elle un précieux cadeau : C’est le « Journal des événements qui se sont passés pendant la captivité du Temple ». Dans ce curieux manuscrit écrit en entier de la main du comte de Provence, sous la dictée de sa nièce, il ne faut chercher aucune trace visible d’émotion. Le style en est sec, net et précis. Nature digne et fière, madame Royale répugnait aux manifestations de « sensibilité » qui furent, si l’on peut ainsi parler, le snobisme de son époque.