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Ces bontés du Roi attirèrent sur moi le courroux du gouvernement inique qui pesait alors sur la France. Quelle ne, fut pas ma stupeur, en apprenant en 1810, qu’après avoir obtenu un arrêt qui me mettait à l’abri des lois sur l’émigration, je figurais sur la liste des émigrés depuis 1807 sous le nom de Hüe, valet de chambre de la comtesse de Lille, demeurant à Altona !

Mon frère[1], sorti des cachots où la Terreur

  1. Jean-Baptiste Hüe, né en 1760 à Fontainebleau, chanoine de Saint-Denis, secrétaire général de l’ordre des Trinitaires pour la rédemption des captifs, administrateur des hospices de Fontainebleau, chapelain du roi Louis XVIII après 1815, mourut en 1835, après avoir essuyé la seconde révolution de 1830 qui le priva encore une fois de ses fonctions. Il avait été, sous la Terreur, incarcéré à Fontainebleau, dans la même prison que M. Gillet de la Renommière, capitaine des chasses royales à Fontainebleau, que ses filles et que la comtesse du Tillet, née Sigy. De cet écrou devait résulter un double hymen. Madame du Tillet fit, en 1805, le mariage d’un de ses jeunes amis, M. de Mazenod, avec la fille de M. de la Renommière. Et en 1828. l’abbé Hüe bénit l’union de leur fille, Louise de Mazenod avec son neveu André Hüe.

    L’abbé Hüe contait souvent, qu’entrées en prison au moment de leur croissance, mesdemoiselles de la Renommière avaient vainement demandé au comité révolutionnaire de leur octroyer des vêtements. La réponse ayant été négative, elles sortirent de prison, après le 9 thermidor, vêtues de robes qui leur tombaient aux genoux.

    L’abbé Hüe était fort lie avec l’abbé Edgeworth de Firmont et avec l’abbé Liautard, fondateur du collège Stanislas, parrain d’une fille d’André Hüe, qui se souvient avoir vu, dans son enfance cet « aimable vieillard, doué d’une rare corpulence, d’un regard malin et d’un aspect affable et bienveillant ». « Il a formé beaucoup d’hommes de bien. Ses pensées