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J’écrivis pour demander qu’un autre que moi fût nommé à ce poste que mon extrême fatigue me donnait la crainte de ne pouvoir remplir. On insista, j’obéis. Cette soumission m’a coûté cher ! Mon séjour à Hambourg fut bien difficile et j’y séjournai pendant plusieurs mois dans une situation où la plus grande réserve ne me mit pas toujours à l’abri des dangers[1]. À l’époque où l’Espagne cessa le payement qui était fait à la famille de Madame, je fus rappelé. La crainte de nouveaux chagrins me faisait désirer de ne pas revenir ; mais Madame en quittant Mittau, chargea ma femme qui venait me voir à Hambourg de me ramener ou elle serait. Après un voyage mouvementé, je revins auprès de cette princesse qui se trouvait alors à Hartwel en compagnie de son oncle et du duc d’Angoulême.

Je trouvai beaucoup de monde dans l’entourage

  1. Hüe courut à Hambourg les dangers les plus grands. Le Sénat de la ville ne voulut pas le reconnaître comme agent d’un prince détrôné et lui enjoignit, au contraire, de se constituer prisonnier dans une forteresse, ou de sortir du territoire sans passeport et sans escorte. Ces conditions ne pouvant convenir au caractère dont il était revêtu, il prit le parti de se tenir dans la ville où sa femme l’avait rejoint. Il y passa environ neuf mois, à la faveur d’un passeport que lui délivra M. de Bourrienne, ministre de l’Empereur. Le danger de sa position le détermina enfin à quitter Hambourg, et ce ne fut qu’à l’abri d’une frêle barque et au péril de sa vie qu’il put aborder en Hollande.