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le redoublement du Tiers. M. le comte d’Avaray, malgré mes représentations et celles de M. le duc d’Havré, me contraignit à faire usage de cette phrase aussi inutile qu’inconvenante. Je demeurai en Angleterre pendant près de deux ans jusqu’au jour où M. le comte d’Avaray m’écrivit de Mittau, le 3 mars 1807, une lettre qui me parvint le 28 avril suivant et qui m’annonçait ma nomination au poste confidentiel occupé jusqu’alors par M. le comte de Gimel[1].

M. de Gimel était chargé dans la ville d’Hambourg, d’aller percevoir et encaisser les fonds que l’Espagne y faisait payer pour aider à la subsistance de la famille royale et de distribuer aux émigrés les secours que leur accordait le Roi.

  1. Voici quelle était la teneur de cette lettre :

    « Monsieur,

    » N’ayant qu’un instant avant le départ du courrier, je m’empresse, conformément aux ordres du Roi, de vous faire part que l’estime et l’affection de notre auguste maître vient de vous nommer à la mission vacante par la mort de Monsieur le comte de Gimel, dont Sa Majesté vient d’être instruite. Ce fidèle et dévoué serviteur ne peut être remplacé d’une manière plus satisfaisante dans un poste important que par l’homme que Louis XVI a désigné lui-même à la confiance de son frère. Le Roi me charge spécialement de vous dire, Monsieur, qu’il vous aurait donné sur-le-champ ce témoignage de sa main s’il n’était dans l’impossibilité d’écrire par l’effet de la goutte. Le prochain courrier vous portera des instructions.

    Agréez, etc… »