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dangers auxquels votre sublime dévouement vous a exposé. Je remercie sincèrement la divine Providence d’avoir daigné conserver en vous un de ses plus fidèles ministres et le confident des dernières pensées d’un frère dont je pleurerai sans cesse la perte, dont tous les bons Français béniront à jamais la mémoire ; d’un martyr dont vous avez, le premier, proclamé le triomphe et dont j’espère que l’Église consacrera un jour les vertus. Le miracle de votre conservation me fait espérer que Dieu n’a pas encore abandonné la France. Il veut sans doute qu’un témoin irréprochable atteste à tous les Français l’amour dont leur Roi fut sans cesse animé pour eux, afin que, connaissant toute l’étendue de leur perte, ils ne se bornent pas à de stériles regrets, mais qu’ils cherchent, en se jetant dans les bras d’un père qui les leur tend, le seul adoucissement que leur juste douleur puisse recevoir. Je vous exhorte donc, monsieur, ou plutôt je vous demande avec instance de recueillir et de publier tout ce que votre saint ministère ne vous ordonne pas de taire. C’est le plus beau monument que je puisse ériger au meilleur des Rois et au plus chéri des frères[1].

  1. L’abbé Edgeworth avait donné a l’abbé J.-B. Hüe, frère de François Hüe, un fac-simile des testaments de Louis XVI et de Marie-Antoinette sur satin blanc.