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du jardin à la vue d’une élévation nommée Belvédère où est située l’église, et agiter un mouchoir blanc en signe de victoire. Il avait déposé les carottes et la bouteille chez M. le comte d’Avaray et le soir même il rentra chez lui dans la rue de Cracovie où il logeait avec sa femme et ses enfants et tenait un billard. Il rapporta le lendemain à son maître que les hommes s’étaient approchés de sa chambre, et que n’ayant rien à attendre d’eux, il avait couru mettre le verrou à la porte et entendu prononcer très distinctement :

— Le coup est manqué. Que dira Galon-Boyer[1] ?

Peu de temps après cet événement auquel, malgré les réclamations du Roi, la police prussienne ne voulut donner aucune suite, Sa Majesté partit pour Calmar où elle ne séjourna que peu de temps car elle obtint du successeur de Paul Ier l’autorisation de rentrer dans ses États, au mois de janvier 1805. J’étais demeuré à Varsovie à cause du délabrement de ma santé quand le Roi me rappela par une lettre du mois de décembre 1804 :

« En vous appelant aujourd’hui près de moi, mon cher Hüe, j’éprouve un véritable plaisir,

  1. Galon-Boyer était un aventurier français qui rôdait depuis quelques temps aux entours de Varsovie. — Cf. Beauchamps, Histoire de Louis XVIII.