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Ce service m’attacha définitivement à l’auguste personne du Roi[1].

Ce fut pendant le séjour de Mittau que, sous la protection du Ciel et sous les auspices de Paul Ier, Marie-Thérèse de France fut mariée le 10 juin 1800, à Monseigneur, duc d’Angoulême, fils aîné de Monsieur, frère de Sa Majesté Louis XVIII. Dans la matinée de ce jour, le Roi et la Reine vinrent prendre Monseigneur et Madame, chacun dans

  1. Il est regrettable que Hüe nous donne fort peu de détails sur la Cour de Mittau, dans cette partie très brève de ses Souvenirs. La tradition nous en a rapporté quelques-uns. La place de commissaire-général, qui lui avait été octroyée, le mit en contact perpétuel avec le roi Louis XVIII qui le voulut bien honorer d’une estime toute particulière. Un conçoit aisément que cette faveur ne fut pas sans exciter l’envie la plus violente dans la petite cour de Mittau où le désœuvrement et l’ennui régnaient en maîtres, où les moindres actes des princes en exil étaient commentés, chaque jour, par l’habituel bavardage des grands seigneurs inactifs.

    On tenait à grief à M. Hüe le régime d’économie sévère que les circonstances lui firent imposer dans la maison du Roi. On lui reprochait plus encore l’affection dont I’honorait Louis XVIII. Dès lors, quelques esprits malveillants s’appliquant à lui nuire, cherchèrent l’occasion de le perdre dans l’esprit du roi, en baguenaudant à l’envi, sur une correspondance, en apparence fort suspecte, que François Hüe échangeait avec Joséphine Bonaparte, son amie des heureux jours. Fort contrarié de cette méchante affaire, le commissaire général prit le parti loyal de montrer les lettres de Joséphine au souverain qui s’écria : « Quand on a des relations comme celles-là, on les conserve ! » Et comme Hüe lui demandait si on devait cesser toute correspondance… « On les conserve et on leur écrit ! » répliqua le Prince d’un ton bref.