Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/259

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des chagrins auxquels le temps, ce destructeur de tout, n’apporte aucun remède, mais que chaque jour qui s’écoule rend plus difficile à supporter.

» Je ne l’accuse en rien, Dieu m’en est témoin ! Je ne pense pas à la juger et, si, jamais sa position était changée et qu’elle le permit, je lui prouverais, je l’espère, par l’abandon de tous les moments de ma vie, qu’elle a tous les droits possibles, tous les droits de sa Mère sur moi, sur mes sentiments, et sur mon existence.

» Si vous m’avez parlé avec confiance, je vous parle de même et je vous demande aussi le secret.

» Je ne suis convenue qu’avec peu de personnes de ceci, je n’ai pas montré sa lettre, je l’aime trop pour cela.

» Peut-être, si elle a pensé à moi, s’est-elle dit que j’aurais dû aller l’attendre à Bâle. Mon cœur m’y portait, mais la triste politique qui ne connaît pas d’affection m’en a éloignée sans doute.

» Je ne peux répondre à toute votre lettre dont la longueur fait tout l’intérêt et le charme, j’entends si rarement parler un tel langage ! Bien peu de personnes, oui, bien peu, pourraient vous comprendre, on a si peu de mémoire ; mais moi je suis animée comme il faut pour en sentir tout le prix, écrivez-moi quand des occasions se présen-