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Roi son oncle, en m’ordonnant de la faire parvenir à Sa Majesté. Ce ne fut pas la seule fois que je reçus la même commission, et dans une de ces occasions, la confiance dont Madame m’honorait fut assez grande pour qu’elle me donnât l’ordre de lire la lettre dont elle me chargeait. Qui ne conserverait un éternel souvenir des sentiments que cette princesse témoignait à Sa Majesté, en implorant sa clémence en faveur des Français, et même des meurtriers de sa famille, par ces expressions. « Oui, mon oncle, c’est celle dont ils ont fait périr le père, la mère et la tante, qui, à genoux, vous demande et leur grâce et la paix ! »

Madame était descendue à Huningue à l’auberge du Corbeau, où elle resta trente-six heures.

Peu d’instant avant qu’elle en partit, le maître de l’hôtellerie monta dans la chambre de cette Princesse, et malgré les regards inquiets de quelques témoins, il se jeta à ses pieds en lui demandant sa bénédiction. La Princesse lui donna sa main à baiser. Au moment où elle allait monter en voiture, ses yeux se remplirent de larmes. Elle pleura sur la France et dit aux personnes qui l’entouraient : « Je quitte la France avec regret ; je ne cesserai jamais de la regarder comme ma patrie. »