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venir dans la tour, craignant, ainsi que moi, de compromettre la sûreté des jours de Madame, si cette lettre était saisie, je me fis autoriser à en prendre lecture, afin que Madame ne connut que de vive voix ce qu’elle contenait. Je fus même contraint, pour éviter tout danger, de brûler cette intéressante lettre.

Le chevalier de Charette, cette illustre victime de l’honneur et de la fidélité, exprimait à la jeune princesse les sentiments de l’armée catholique et royale de Vendée, qu’il avait l’honneur de commander. Il terminait sa lettre en protestant que ses compagnons d’armes et lui verseraient jusqu’à la dernière goutte de leur sang pour briser les fers de l’auguste captive.

Madame Royale fut touchée de ces sentiments généreux et me fit donner l’ordre de témoigner au chevalier de Charette et à son ami sa reconnaissance des efforts que l’on faisait pour mettre fin à son affreuse captivité. Je transmis cet ordre au roi.

Cependant, les habitants de Paris et quelques membres de la Convention témoignaient un vif intérêt à Madame Royale. Le Directoire exécutif, qui lui succéda, prit donc bientôt le parti de lui rendre la liberté et d’échanger sa personne contre