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Il est conduit au supplice,
Le modèle des vertus,
Louis bien-aimé n’est plus (bis).
célis
Louis voit couler son sang,
Quoi, dit-il, tout m’abandonne !
Amis, je meurs innocent,
Et cependant, je vous pardonne…
Vains regrets, pleurs superflus !
Louis bien-aimé n’est plus (bis)[1].

Le gouvernement fut bientôt instruit de ces particularités[2]. Il me fit prévenir indirectement qu’il respecterait cet hommage rendu au malheur, pourvu qu’il n’allât pas plus loin.

  1. Il semble que cette romance qui rappelait à Madame tous ses malheurs ne fût point de nature à la distraire des ennuis de la prison ; mais il convient de ne pas oublier qu’en 1796 la « sensibilité des âmes » aimait à faire couler les larmes et non point à les tarir. De même qu’avant sa sortie de prison, on entretenait Marie-Thérèse de la mort de son père, de même, plus tard, l’Europe tout entière, lui rappelant implacablement ses malheurs, la qualifiera sans cesse d’orpheline du Temple et d’Antigone moderne.

    La Princesse, sensible au début à des manifestations aussi touchantes que celles de mademoiselle de Brévannes, en contractera par la suite une sorte de lassitude. Et c’est, peut-être, par quelque inconsciente protestation contre cette compassion devenue plus tard fâcheusement officielle, qu’elle exagérera la fermeté de son caractère et la froideur de son abord.

  2. Les concerts organisés par Hüe avaient pris une extension considérable et ils durèrent plus de quatre mois dans la chambre de la Rotonde « occupée jadis par de braves gens qu’on a payés très cher pour les faire partir ». Ils se transportèrent ensuite 12 rue de Beaujolais, « où on vit des femmes très élégantes et des hommes à nattes retroussées »… (Dénonciation de Leblanc, qui porte à une centaine le nombre des « adorateurs de la fille Capet ».)