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Pendant de longs mois je demeurai dans cette prison, dans l’attente perpétuelle du trépas[1].

Encore une fois cependant, ma vie fut épargnée, alors que tant d’autres plus utiles étaient fauchées par l’échafaud. Six semaines après la mort du tyran, de l’infâme Robespierre, je sortis de prison après onze mois de détention.


    de madame Hüe, J.-B. Brion, greffier en chef du Parlement de Paris, dut quitter son logis du quai des Miriamiones et se réfugier, sous la Terreur, dans la maison de campagne de M. Henry précité, sise à Bagneux. Il y demeura pendant huit jours, se dissimulant à chaque alerte dans une large cheminée à double fond où on lui apportait sa nourriture (Anecdote contée par mademoiselle Determe, petite-fille du baron Henry). Ces deux événements resserrèrent entre les familles Hüe et Henry, une ancienne amitié que le temps n’est pas encore parvenu a détruire.

  1. On a souvent attribué, dans la famille de Hüe, les circonstances qui le sauvèrent plusieurs fois de la mort, à l’influence déjà grandissante de Joséphine de Beauharnais.

    Une ancienne intimité unissait en effet Joséphine de la Pagerie a la famille Hüe. Elle tutoyait même le fils de François, André Hüe, qu’elle avait connu dans son enfance. La veuve de ce dernier, la baronne Hüe, née Mazenod, nous a conté fréquemment l’anecdote suivante sans pouvoir, à notre vif regret, nous en préciser les détails. Joséphine aurait une fois convié a souper madame Hüe, qui désirait obtenir l’élargissement de son mari, alors incarcéré dans une des nombreuses prisons qu’il occupa.

    Elle l’aurait réunie à sa table, de même que son fils André, à un révolutionnaire fort influent (Barras ?), pour que tous deux implorassent sa clémence.

    Il parait qu’au dessert le « révolutionnaire influent », fort enflammé par la beauté de madame Hüe, promit « d’exercer sa clémence », mais embrassant le jeune André en jetant sur sa mère un regard des plus tendres, il lui dit : « Porte de ma part ce baiser à ta maman ». Et Joséphine, indignée,