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du jugementrendu par la Convention, m’avait dit :

» — Ce qui rassure les bons citoyens, c’est que le plus malheureux des Rois a pour défenseur le plus vertueux des hommes.

» — Si Louis XVI succombe, lui répondis-je, le défenseur du plus vertueux des Rois sera le plus malheureux des hommes.

» Dès ce moment ma réponse se réalisa.

Je me plaisais aussi à citer à M. de Malesherbes quelques particularités propres à faire connaître, jusque dans les plus petites choses, le caractère du Roi, dont son ministre me peignait les principaux traits. Je me borne ici à en rapporter une. J’ai dit que la Reine avait eu la bonté de se charger des enfants de M. de Chaumont, l’un de mes camarades ; c’était d’après la connaissance que j’avais donnée à Sa Majesté du peu de fortune que le père leur avait laissé. Un jour que, dans une pièce de l’appartement du Roi, je voulais prendre dans mes bras la plus jeune de ces enfants, âgée de six a sept ans, le Roi entra, et la trouvant se mutinant contre moi.

« — Quoi ! dit le Roi, est-ce que Zoé n’est pas sage ?

» — Sire elle se refuse à mes caresses.

» Le Roi affectant un ton sévère lui dit :

« — Zoé, si vous avez l’avantage d’être élevée