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étions allés, de la part du Roi, notifier sa déclaration d’appel, quelques personnes qui m’étaient inconnues m’avaient entouré dans les corridors de la salle et m’avaient assuré que de fidèles sujets arracheraient le Roi des mains de ses bourreaux, ou périraient avec lui. Je le dis au Roi.

» — Les connaissez-vous, me répondit-il ?

» — Non Sire, mais je pourrais les retrouver.

» — Eh bien, tâchez de les rejoindre et déclarez-leur que je les remercie du zèle qu’ils me témoignent. Toute tentative exposerait leurs jours et ne sauverait pas les miens. Quand l’usage de la force pouvait me conserver le trône et la vie, j’ai refusé de m’en servir, voudrais-je aujourd’hui faire couler le sang français ?

» Après cette pénible conférence, j’eus encore une fois l’honneur d’entretenir le Roi. Au moment de me séparer de lui, je ne pus retenir mes larmes.

» — Sensible vieillard, dit le Roi en me serrant la main, ne pleurez pas : une meilleure vie nous réunira. Je regrette de quitter un ami tel que vous. Adieu ! Au sortir de ma chambre, contraignez-vous : il le faut. Songez que l’on vous observera… Adieu !… Adieu !…

» Je sortis du Temple, le cœur brisé. Un Anglais de ma connaissance, m’ayant rencontré la veille