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que je ne saurais concevoir. Dieu m’est témoin que je ne conserve contre eux aucun sentiment de haine ; et même s’il était en mon pouvoir de leur faire du bien, je leur en ferais encore.

Tandis que M. de Malesherbes m’honorait de ces entretiens, un événement affreux vint les suspendre pour quelque temps. La même prison renfermait avec ce respectable vieillard ses enfants et ses petits-enfants. C’était à qui allégerait le plus le poids de sa captivité. Chaque jour, quelques amis se réunissaient à cette intéressante famille, et en partageaient à l’envi les égards et les soins. Soudain, un ordre du tribunal révolutionnaire cite, devant ce tribunal de sang, M. Lepelletier de Rosambo, gendre de M. de Malesherbes[1]. Le digne fils de M. de Rosambo conduisit son vertueux père jusqu’au guichet de la prison. Ce guichet, qui s’ouvrit pour envoyer à la mort ce magistrat aussi courageux que fidèle, se referma sur son fils jusqu’au moment où la plus grande partie de cette famille malheureuse fut traînée a l’échafaud.

Lorsque M. de Malesherbes eut payé à la nature

  1. Le Pelletier de Rosambo, président à mortier au parlement de Paris.