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» — Sire, repris-je, cette commission n’a rien de si pressant.

» — Rien ne l’est davantage pour moi, répondit-il.

» Quelques jours après le Roi me montra, écrits de sa main, son testament et un codicille. Sa Majesté me permit d’en prendre une copie, sur laquelle même sont quelques corrections de sa main. J’emportai ces pièces avec moi ; je suis parvenu à les envoyer hors de France ; j’ai même acquis la certitude qu’elles sont arrivées à leur destination.

» Dès mon entrée au Temple, le Roi m’avait exprimé l’envie de lire quelques journaux. Je m’empressai de satisfaire ce désir. J’étais souvent témoin du sang-froid avec lequel il lisait les motions qui se faisaient contre lui à la tribune. Néanmoins, parmi les qualifications qu’on lui prodiguait, cette de tyran l’offensait toujours :

» — Moi ! tyran ! disait-il ; un tyran rapporte tout à lui ; n’ai-je pas constamment tout rapporté à mon peuple ? Qui d’eux en de moi hait plus la tyrannie ? Ils m’appellent tyran, et savent, comme vous, ce que je suis.

» Je lui apportai aussi un exemplaire de la romance faite alors et chantée dans tout Paris.