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» — Mépris pour vous, lui répondis-je et mépris de la vie.

» J’eus dans la tour, avec le Roi, plusieurs entretiens dans lesquels il me fit d’importantes ouvertures. Il me parla de la guerre des puissances alors coalisées contre la France.

» — La guerre, me disait-il, dût-elle opérer le rétablissement de mon trône, est un moyen violent qui, loin de me ramener les cœurs, ne fera que les aigrir davantage. Le trône, reconquis par la force, éprouvera chaque jour de nouvelles secousses. L’épuisement des finances et une sage politique ne permettront pas de garder longtemps au sein du royaume des troupes étrangères en assez grand nombre pour m’aider à y rétablir l’ordre. Ces troupes seront à peine éloignées que les factieux intrigueront de nouveau. Il serait beaucoup plus heureux pour moi et beaucoup plus sûr pour le repos de l’État que je dusse à l’amour des Français le retour à mon autorité.

» Ma première idée avait été que, n’osant prononcer contre le Roi un décret de mort, la Convention nationale le condamnerait à la déportation. Dans cette hypothèse, je lui demandai quel pays il préférerait habiter.