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tendre mes déclarations. Mais à peine étais-je entré dans la salle qu’une grande clameur s’éleva de tous côtés :

— À la Force ! À la Force !

À l’instant même, deux gendarmes s’emparèrent de moi, me lièrent les mains et m’entraînèrent, au milieu de la nuit, dans cette prison. Peu préoccupé de mon sort je ne songeai alors qu’à la situation alarmante de la Reine qui absorbait toutes mes pensées… Quelques jours après, le bruit des tambours se fit entendre dans les rues qui avoisinaient ma prison… La Reine n’était plus ! Majestueuse et gracieuse sur le trône, elle mourait après s’être montrée sublime dans l’adversité !

De la Force, où je demeurai quelque temps, je fus transporté dans un lieu de réclusion situé dans le faubourg Saint-Antoine d’où je cherchai vainement à m’évader. De là je fus transféré à Port-Royal[1], qu’on appelait alors Port-Libre, où

  1. Nous avons retrouvé le registre d’écrou de François Hüe ainsi conçu. « Le 25 vendémiaire, a été incarcéré en dite maison par ordre signé Vadier et Parris, membres du Comité de sûreté générale de la Convention nationale, Français Hüe, âgé de trente-cinq ans, natif de Fontainebleau, demeurant quai de l’Égalité, arrêté pour mesure de sûreté générale. « Signé Richelot, c. g. de la Force. » En marge est un cachet sur lequel est écrit Prison de la Force.