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dernier témoignage des bontés de mon maître puisse m’inculper, je ne m’en crois que plus sûr de la bienveillance et de la sauvegarde de tous les Français.

Tandis qu’en rédigeait le procès-verbal de mon interrogatoire, un pourvoyeur de l’échafaud, homme d’aspect féroce appartenant à cette catégorie de gens envoyés dans les campagnes voisines pour amener aux prisons de Paris les personnes prétendues suspectes, entra dans la salle et prononça quelques mots qui me firent frémir.

— Citoyen, dit-il, au président, je loue ton zèle, mais à n’aller que le pas, tu ne feras que glaner. Va au grand galop, et la récolte sera complète.

Incertains du parti qu’ils devaient prendre les membres du comité arrêtèrent de me renvoyer au Comité de sûreté générale de la Convention.

Deux commissaires furent chargés de m’y conduire et d’y remettre copie de mon interrogatoire. Ce nouveau tribunal n’ayant pas loisir de m’entendre je fus consigné dans un corps de garde et exposé toute la nuit aux outrages d’une soldatesque effrénée.

Le lendemain, à onze heures du soir, seulement, le Comité de sûreté générale, qui ne chômait guère dans ses condamnations, fut libre d’en-