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mes juges, je ne doutai pas qu’il ne fût allé fournir des moyens de m’embarrasser. Ils cherchèrent, en effet, à me surprendre par des questions insidieuses. « Aimais-tu le roi, me demanda-t-on, excite-t-il tes regrets ? »

Cette question cachait un piège d’autant plus dangereux que la peine de mort était priononcée contre quiconque émettait un vœu en faveur de la royauté et de la maison régnante :

— Distinguez, repris-je froidement, l’homme d’avec le roi, le sujet d’avec le serviteur.

— Pourquoi cette question ? dit au président l’un des membres du comité. N’a-t-il pas été libre d’aimer la personne qu’il servait ?

— Mais aimais-tu la Constitution de 1791 ?

— J’en avais juré le maintien, répondis-je, car je l’avais acceptée comme le Roi et tout le monde, en une époque où ce serment était exigé dans les moindres formalités de la vie coutumière.

Cette réponse ne suffit pas au tribunal qui me tint à grief d’être nommé dans, le testament de Capet.

— Malgré le ton ironique dont on parle ici de ce testament, répliquai-je, je vous déclare — et j’en demande acte — que loin de croire que ce