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C’était un aide de camp de Ronsin, chef de l’armée révolutionnaire. Il marchait, dans cet instant, à la suite d’Henriot, commandant de la garde nationale parisienne. M’ayant reconnu pour avoir été dans le temps au service de la famille royale, il me conduisit à Henriot et lui dénonça mes précédentes fonctions. Sans autre information, ce commandant ordonna à deux fusiliers de me conduire au Comité révolutionnaire de la section des Tuileries. En vain je réclamai mon renvoi devant ma propre section : on n’écouta point mes remontrances ; je fus entraîné.

Déposé dans un corps de garde voisin, j’attendis jusqu’au soir que les membres du comité eussent le loisir de m’entendre. Objet de la curiosité du public, je voyais aller et venir, dans la pièce où j’étais gardé, des gens de toute espèce. Les uns, avec l’air de la simple curiosité, d’autres avec l’expression d’une joie cruelle, s’approchaient pour me considérer : « Tu es donc, me disaient-ils avec ironie, l’homme du ci-devant ? Eh bien, ton tour est venu ! »

Enfin, à dix heures du soir, on me conduisit au comité révolutionnaire. L’homme qui m’avait arrêté, ayant couru à ce comité pour prévenir