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recouvrèrent leur liberté. M. de Rougeville s’était sauvé : sa tête fut mise à prix. Le détail de ce fait m’a été donné par M. Pommier, l’un des convives. J’ai été prisonnier avec lui à l’hôtel de la Force, il a péri sur l’échafaud.

Voici une anecdote un peu antérieure et qui m’a paru mériter d’être recueillie. Vers la fin de l’hiver 1794, des municipaux, dont était le sieur Coutan, attendris sur le sort de la Reine et de la famille royale, projetèrent de les faire évader de la prison du Temple[1]. L’exécution de ce dessein paraissait facile. Il ne s’agissait que de faire entrer furtivement des habits à peu près semblables à ceux des commissaires municipaux et surtout des écharpes tricolores, afin de faire sortir sous ce travestissement la Reine et Madame Élisabeth. Quant au jeune Roi et à Madame Royale, rien n’était plus aisé que leur évasion. Chaque jour, un homme du dehors venait avec deux petits garçons allumer les réverbères intérieurs et extérieurs de la tour. Gagné à prix d’argent il aurait substitué le jeune Roi et Madame Royale à ces deux enfants et les aurait emmenés. Mais, soit faute de hardiesse chez les officiers munici-

  1. Cf. pour le détail plus exact de toute cette affaire le savant ouvrage de M. Paul Gaulot, Un complot sous la Terreur.