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humide. Elle y respirait l’odeur infecte qui s’exhalait du voisinage. L’humidité avait fait séparer de la toile le papier dont le mur avait été couvert. Il n’en restait plus que des lambeaux. Des sangles renouées en plusieurs endroits avec des cordes, une paillasse à demi pourrie, un matelas déchiré, une couverture aussi usée que malpropre composaient le lit de la reine de France ; un mauvais paravent lui tenait lieu de rideaux. C’était là que Sa Majesté passait la nuit a essayer de reposer sa tête des douloureuses méditations de la journée.

Un prisonnier, dit-on, avait procuré à la Reine quelques livres pour la distraire. En les rendant, elle écrivit avec une épingle sur un feuillet blanc Marie-Antoinette.

Pour se faire un autre objet de distraction, la Reine tira les fils d’une vieille tenture et, à l’aide de deux bouts de plume, elle tricota une espèce de jarretière que le sieur Bault, concierge[1],

  1. La femme Bault, dont le mari avait été concierge de la prison de la Force, a laissé une relation sur son séjour à la Conciergerie (Lenôtre l’a reproduite, p. 279, op. cit.). Elle conte qu’à l’époque de la destitution de Richard, il était question de nommer à a place « l’horrible Simon ». Mon mari, ajoute-t-elle, ayant l’honneur de connaitre M. Hüe et M. Cléry, nous leur fîmes séparément part de notre dessein d’entrer à la Conciergerie. Ils nous y encouragèrent… Plus tard, mon mari,