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tous ses besoins autant que cétait en son pouvoir, courut au marché le plus proche de la prison.

— Il me faut un excellent melon, dit-elle à une marchande qui la connaissait.

— Je te devine, lui répondit celle-ci. Le melon que tu demandes avec tant d’empressement est, j’en suis sûre, pour notre malheureuse Reine. Choisis, prends ce qu’il y a de plus beau.

Elle-même lui donna celui qu’elle croyait le meilleur. La dame Richard voulut payer.

— Garde ton argent, lui répliqua la marchande, et dis à la Reine qu’il y en a parmi nous qui gémissent…

Elle allait en dire davantage lorsque la concierge se retira, porta le melon a la Reine et lui rendit compte de ce qui s’était passé. Sa Majesté fut attendrie.

Quelques mois après, un prisonnier assassina, dit-en, la femme Richard[1].

L’habitation de la Reine à la Conciergerie était une chambre au rez-de-chaussée, basse, étroite et

  1. Madame Richard, née Barrassin, fut, en effet, assassinée par un prisonnier que ses soins venaient de rendre à la santé (Enquête de madame Simon Vouet sur Marie-Antoinette). Son mari et elle avaient été incarcérés pendant six mois aux Madelonettes à la suite des soins trop empressés qu’ils avaient donnés à la Reine.