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personne qui me parut sensible, jugeant à mon air que j’étais embarrassé de la marche à tenir dans cette triste demeure, vint à moi, me tendit la main, et me conduisit dans un endroit écarté :

— Fiez-vous à moi, me dit-elle. Qui êtes-vous ? Quel intérêt vous amène ? Ne me dissimulez rien.

Cette invitation amicale détermina ma confiance ; je m’ouvris à cette femme. Elle répondit avec complaisance à toutes mes questions.

— Vous voyez, lui dis-je, le motif qui m’amène. Faire passer à la Reine des nouvelles de ses enfants, informer ses enfants et Madame Élisabeth de l’état où la Reine se trouve est mon unique objet. Il est digne de vous de me seconder.

Cette femme le promit et me tint parole.

J’appris qu’elle se nommait madame Richard, et qu’elle était femme du concierge de la prison.

Dans la correspondance qu’elle me permit d’entretenir par la suite, avec elle, au Temple, Madame Élisabeth la désigna sous le surnom de « Sensible ».

Qu’on me permette de rapporter ici une anecdote que je tiens d’elle-même :

La Reine lui avait un jour témoigné l’envie de manger du melon. Cette femme, qui prenait le plus grand Soin de Sa Majesté et qui veillait à