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Quant à Turgis, l’entrée du Temple lui fut interdite dans le courant du mois de septembre 1793. Madame, duchesse d’Angoulême, lui a donné depuis la place de valet de chambre auprès de sa personne. Je crois rendre hommage à la fois à la mémoire de Madame Élisabeth et à la fidélité de M. Turgis en publiant un des derniers billets que cette princesse lui écrivit :

« Je suis bien affligée, ménagez-vous pour le temps où nous serons plus heureux et où nous pourrons vous récompenser. Emportez la consolation d’avoir servi de bons et malheureux maîtres.


    « Le seul billet qui me soit resté de cette époque, écrit Turgy, est celui de Madame Élisabeth : » Vous remercierez Hüe pour nous. Sachez de lui s’il a pris les cheveux lui-même, ou s’il les achetés et si, par ses connaissances, il ne pourrait pas savoir ce que le Comité de sûreté générale veut faire de nous. »

    « Probablement des cheveux de Louis XVI », ajoute M. Lenôtre, en note p. 193. op. cit.

    Le même billet est publié dans les Mémoires de la Duchesse d’Angoulême, et une note concernant ce billet affirme qu’il s’agit bien la des cheveux offerts par Louis XVI à Hüe. Ce dernier en donna une partie à Malesherhe et sans doute aussi à Madame Élisabeth. Ceux qu’il conserva sont demeurés dans la famille Hüe, ainsi qu’un peigne dont Louis XVI se servait au Temple et qu’il donna également à Hüe.

    Hüe conserva toujours d’excellentes relations avec le brave Turgy. Né à Paris en 1767, Louis-François Turgy, qui avait débuté dans la maison du Roi par un très modeste emploi à la Bouche, se retira à Tournan en Brie après la Révolution. Il rejoignit Madame à Vienne (voir plus loin) et devint, sous la Restauration, huissier de la Chambre et premier valet de chambre de Madame la Dauphine.