Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

déserts ; là, je lui remettais par écrit, soit à l’encre, soit au crayon, ce que je croyais devoir apprendre à la Reine.

Dans cette correspondance journalière, je rendais compte à la famille royale de l’esprit qui régnait dans Paris, des dispositions du reste de la France, des événements militaires de la Vendee, du progrès des armées étrangères et surtout des intrigues secrètes, des luttes et des projets ultérieurs des divers partis de la Convention.

Mon extrême circonspection ne put me soustraire aux dénonciateurs : on fit chez moi une seconde visite domiciliaire. Dans la matinée du 19 juillet, je vis entrer tout à coup dans mon appartement six hommes, tous membres de comités révolutionnaires. On me fit lecture d’un ordre de l’administration de police, à laquelle j’avais été dénoncé comme entretenant une correspondance avec la veuve Capet.

L’ordre portait de visiter mes papiers, mes effets, et pour peu qu’il se trouvât le moindre indice contre moi, de me conduire au tribunal révolutionnaire. Cette recherche m’exposait d’autant plus, qu’au moment même de l’apparition des commissaires, j’écrivais à la Reine, pour lui rendre compte d’une mission dont elle m’avait honoré.