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Enfermé plus tard dans la même prison que M. de Sèze, il me confia que le Roi après avoir entendu la lecture de son plaidoyer lui avait dit : « Retranchez votre péroraison, tout éloquente qu’elle est. Il n’est pas de ma dignité d’apitoyer ainsi sur mon sort. Je ne veux d’autre intérêt que celui qui doit naître du simple énoncé de mes moyens justificatifs. Ce que vous retrancherez, mon cher de Sèze, me ferait moins de bien qu’il ne vous ferait de mal. »

À la suite de ces événements, je parvins à obtenir une audience de Pétion. Mon but était de lui parler du procès du Roi. Après m’avoir attentivement écouté, Pétion me dit : « Mais le Roi nous pardonnerait-il ? — Oui, » répondis-je. Pétion se laissa presque émouvoir et me témoigna combien il était surpris qu’une certaine puissance ne réclamait que faiblement en faveur de la personne du Roi. Il me confia aussi que la faction des Girondins, dont il faisait partie, ne voulait pas la mort du Roi et qu’ayant sur eux quelque ascendant il les entretiendrait dans ces dispositions…

Le 21 janvier 1793 devait m’enlever ces dernières illusions ! Louis XVI, qui, s’il n’eut pas la gloire d’égaler en exploits guerriers les nombreux héros de sa race, surpassa la vertu de la majorité