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Quelques jours plus tard, le Roi trouva le moyen de me faire demander par M. de Malesherbes ce qu’étaient devenus quelques-uns de ses serviteurs dont il ignorait le sort depuis plusieurs semaines.

C’étaient la princesse de Tarente ; les duchesses de Duras et de Maillé, les marquises de Tourzel et de la Roche-Aymon, la vicomtesse de Castellane, le duc de Choiseul, le chevalier de Coigny, le marquis de Briges, le vicomte de Saint-Priest et le comte d’Haussonville. Je m’empressai d’aller voir celles qui étaient encore à Paris et de faire passer au Temple, par l’entremise de M. de Malesherbes, le résultat de mes informations.

Le 26 décembre, le Roi fut conduit pour la seconde fois à la barre de la Convention. Ce fut le dernier jour où j’aperçus mon Roi. Du Temple aux Tuileries et des Tuileries au Temple je suivis la voiture de manière à ne pouvoir être remarqué. Ce jour-là même, j’entendis M. de Sèze prononcer son fameux discours, et les quelques paroles que le Roi adressa à ses juges.

Je ne saurais exprimer le trouble que portèrent dans mon âme les paroles du Roi, quand il prononça ces mots : « En vous parlant peut-être pour la dernière fois… » M’élançant hors de la fatale enceinte, je fondis en larmes.