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totalement ma santé. Encore quelques jours et j’allais succomber, quand je fus informé par le concierge que Tallien, au lieu de s’intéresser à mon sort, allait resserrer plus étroitement mes chaînes. Le placard incendiaire qu’il rédigeait sous le titre de l’Ami du Citoyen ne pouvait me l’annoncer comme protecteur indulgent. Quelle fut ma surprise ! Au lieu de l’aspect farouche que mon imagination lui supposait, je vis un homme d’une physionomie douce, et qui, dans ses manières, n’avait rien que de rassurant. Ses premiers mots déterminèrent ma confiance. Je lui parlai des motifs imaginaires donnés à ma détention, de sa longueur, du dépérissement de ma santé ; enfin, des dangers auxquels, chaque jour, ma captivité m’exposait. Tallien, je dois le dire, parut vivement touché de ma position : il me recommanda aux soins du concierge et se retira.

Dès le lendemain, je comparus devant une commission particulière, composée d’officiers municipaux ; je subis un second interrogatoire et fus ensuite reconduit en prison : mais j’emportais quelque espoir de n’y pas rester longtemps. De ce moment j’eus la jouissance d’une pièce contiguë à mon cachot, le guichet par lequel communiquaient les deux pièces était si bas que je n’y