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avec moi du Temple, lors de mon premier enlèvement, une seule avait péri ; c’était la princesse de Lamballe. Il me raconta la fin tragique de cette princesse et ajouta : « Les massacres sont finis, vous n’avez plus rien à craindre. Je vous sauverai ; mais il me faut du temps ». Cléry m’a dit, lorsque nous nous sommes retrouvés, que le Roi et la famille royale avaient instamment prié Manuel de protéger mes jours, et qu’il l’avait promis.

Un soir, le concierge entra dans mon cachet : « Savez-vous, me dit-il, que vous êtes encore l’objet de la fureur du peuple ? Je crains bien que… — Quoi ! lui dis-je, qu’il ne me mette à mort ? » Un profond soupir fut sa réponse. Je crus que le massacres allaient recommencer. Quel fut mon effroi, quand, vers minuit, des cris qui perçaient l’âme se firent entendre d’un cachot peu éloigné du mien ! C’étaient ceux d’une malheureuse mère de famille qui se débattait avec les assassins. Du ton le plus lamentable, cette mère infortunée demandait la vie, non pour elle, mais pour ses enfants en bas âge qui n’avaient d’autre ressource que son travail : des gardes accoururent et parvinrent à la sauver.

Ce fut pendant ma détention que le concierge