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l’un des substituts, et Robespierre s’agitaient, criaient, donnaient des ordres et paraissaient très animés. Dans cette salle et dans les pièces voisines, le tumulte, était extrême.

Au milieu de ce désordre, le président demanda du silence et me fit une première question. Avant qu’il m’eût été possible de répondre, on s’écria de toutes parts ; « À l’Abbaye ! À la Force ! » Dans ce moment on y massacrait les prisonniers. Le calme rétabli, mon interrogatoire commença. Des faits, la plupart imaginaires, me furent reprochés.

— Tu as, dit l’un des municipaux, fait entrer dans la cour du Temple, une malle renfermant des rubans tricolores et divers déguisements : c’était pour faire évader la famille royale. — J’ai entendu, s’écriait un autre, le Roi lui dire, quarante-cinq ; la Reine cinquante-deux. Ces deux mots lui désignaient le prince de Foix et le traître Bouillé. » On me reprochait aussi d’avoir commandé une veste et une culotte savoyardes, preuve certaine d’une intelligence avec le roi de Sardaigne. À la vérité, j’avais signé et fait viser par les commissaires de garde la demande d’un vêtement de cette espèce pour Tison. Enfin on m’accusait d’avoir remis clandestinement certaines