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même des officiers municipaux qui vous gardent. Il est temps encore ; et si vous le voulez, vous pouvez… — J’ai tout fait pour le bonheur du peuple, répondit le Roi avec fermeté : il ne me reste plus rien à faire. »

Souvent je me suis rappelé cette réponse, lorsque j’entendais parler d’une prétendue lettre écrite par Louis XVI au roi de Prusse pour déterminer la retraite de ce monarque. M. de Malesherbes et M. de Sèze, défenseurs officieux du Roi, m’ont confirmé l’inexistence de cette lettre, si contraire en effet aux vœux que j’avais entendu former à Louis XVI et à la famille royale pour leur délivrance.

À peine le Roi, auprès de qui j’étais en cet instant, eut-il cessé de parler, que Mathieu reprit : « Je vous arrête. — Qui ? moi ! dit Sa Majesté. — Non : votre valet de chambre. — Qu’a-t-il fait ? Il m’est attaché ; voilà son crime. Du moins, n’attentez pas à-ses jours ! — Je n’ai pas de compte à te rendre, répondit Mathieu, j’ai mes ordres. »

Je voulus monter dans ma chambre ; Mathieu me saisit par le bras. « Reste la, me dit-il ; tu es sous ma garde. » Il ne me permit d’y aller qu’avec lui.

Je voulais emporter avec moi quelque peu de