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trouvent le secret dans leur cœur, les principes d’invariable loyauté dont François Hüe sut profiter.

Aussitôt que Nicolas Hüe fut décédé, sa veuve s’empresse de faire obtenir à François la charge de greffier de la maîtrise des eaux et forêts. Comme il n’était alors âgé que de cinq ans, ses fonctions furent données à ferme, suivant un usage admis à cette époque, au sieur Pierre-Rosalie Rondeau, employé de son père, qui les exerça jusqu’à la majorité de Hüe.

La jeunesse de celui-ci s’écoula donc, paisible et rêveuse, sous l’œil vigilant d’une mère, dans l’ombre pleine de mystère et de souvenirs de l’hôtel historique de Beauvilliers. Il y demeura jusqu’à l’heure de son mariage, qui fut contracté lorsqu’il eut atteint l’âge de vingt-trois ans. Il choisit alors pour femme mademoiselle Victoire-Madeleine-Henriette Hutin, fille de Nicolas Hutin, maire de Saint-Dizier et conseiller au Châtelet de Paris, où il résidait à l’accoutumée en la rue des Mauvaises-Paroles.

Henriette Hutin, qui avait su captiver le cœur sensible de M. Hüe, avait connu les avantages d’une éducation soignée. Elle vivait dans un milieu intellectuel. Son père, homme de savoir et de grand sens, répondait au type accompli du magistrat de l’ancienne roche, et madame Hutin, sa mère, se plaisait à cultiver les sciences. Esprit délicat et fin, d’une instruction supérieure à celle de la majorité des femmes de son temps, elle se livrait assidument aux attraits de l’histoire naturelle et de la botanique. Et cependant,