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Dumouriez, la pusillanimité de M. de la Fayette et les erreurs du duc de Liancourt ayant trompé toutes nos espérances, de quoi nous ont servi les fortes sommes que nos amis ont distribuées à Pétion, à Lacroix et à d’autres conjurés ? Ils ont reçu l’argent et nous ont trahis ! »

Depuis que Tison et sa femme étaient dans le Temple et que Cléry y partageait mon service, les soins auxquels j’avais été seul assujetti quelque temps étaient diminués. Mais, si la peine du corps était moindre pour moi, il s’en préparait pour mon cœur une au-dessus de tout. Les marques de bienveillance signalée que me donnaient le Roi et la famille royale portaient ombrage à certains municipaux. Je m’en étais aperçu ; j’avais même des raisons pour craindre de me voir, d’un moment à l’autre, enlevé de la tour. Cette appréhension n’était que trop fondée ; cependant rien n’avait annoncé le coup qui était près de me frapper.

Le 2 septembre, j’avais rempli mes fonctions ordinaires ; le Roi et la famille royale étaient descendus dans le jardin pour s’y promener : resté seul dans la chambre de la Reine, je m’étais mis à la fenêtre pour y respirer un moment. Vers les cinq heures, j’entendis tout à coup battre la générale. Un bruit confus me fit soupçonner quelque