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pourrait que cette ville importante fût tentée de reprendre sa place dans les corps germaniques. Il faut l’en empêcher et la conserver à la France. — Je suis pénétré, répondis-je, de la marque de confiance dont la Reine daigne m’honorer : mais dois-je perdre de vue ma double qualité de sujet et de serviteur ? Et puis-je, madame, me permettre ?… — L’intérêt de la France avant tout, » reprit la Reine.

Le ton avec lequel Sa Majesté s’exprimait me fit sentir que, dans ces conjonctures, la fille de Marie-Thérèse, la sœur de Joseph et de Léopold, la tante de François II, n’était plus que l’épouse du Roi de France et la mère de l’héritier du trône.

Deux jours après, j’eus encore dans le même lieu, un entretien avec la Reine : c’était au retour de la promenade dans le jardin ; Santerre y avait accompagné la famille royale. « Cet homme, me dit la Reine, que vous voyez aujourd’hui notre geôlier, a plusieurs fois sollicité et obtenu du Roi des sommes considérables sur les fonds de la liste civile. Combien d’autres, dans la garde nationale, dans l’Assemblée même, ont, sous divers prétextes, obtenu du Roi des secours pécuniaires, et se montrent en ce moment nos plus mortels ennemis ! Avant le 10 août, les égarements de