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circonstances, je fus honoré de plusieurs entretiens ; je dois en rapporter deux.

Les troupes combinées de l’Empereur et du roi de Prusse, commandées par le duc régnant de Brunswick, venaient d’entrer en France. Les factieux frappés de terreur étaient plus irrités que jamais contre la famille royale. La Reine, qui le savait, me dit à cette occasion : « Tout m’annonce que je dois être séparée du Roi. J’espère que vous resterez avec lui. Comme Français, comme l’un de ses fidèles serviteurs, pénétrez-vous bien des sentiments que vous devez toujours lui exprimer, et que je lui ai manifestés. Rappelez au Roi, quand vous pourrez lui parler seul, que jamais l’impatience de briser nos fers ne doit arracher de lui aucun sacrifice indigne de sa gloire. Surtout, point de démembrement de la France. Que sur ce point aucune considération ne l’égare : qu’il ne s’effraye ni pour ma sœur ni pour moi. Représentez-lui que toutes deux nous préférons voir plutôt notre captivité indéfiniment prolongée, que d’en devoir la fin à l’abandon de la moindre place forte. Si la Divine Providence nous fait recouvrer notre liberté, le Roi a résolu d’aller établir momentanément sa résidence à Strasbourg. C’est également mon désir. Il se