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Obsédées dans tous les instants par les geôliers municipaux, la Reine et Madame Élisabeth ne pouvaient qu’à la dérobée me donner leurs ordres et quelquefois me parler de leurs peines. Un jour que l’ordre de mon service m’avait fait entrer chez Madame Élisabeth, je trouvai cette princesse en prières ; mon premier mouvement fut de me retirer. « Restez, me dit-elle, vaquez à vos occupations, je n’en serai point dérangée. » Voici quelle était la prière de Madame Élisabeth. Elle me permit de la copier :

« Que m’arrivera-t-il aujourd’hui, ô mon Dieu ? Je l’ignore. Tout ce que je sais, c’est qu’il ne m’arrivera rien que vous n’ayez prévu de toute éternité. Cela me suffit, ô mon Dieu ! pour être tranquille. J’adore vos desseins éternels. Je m’y soumets de tout mon cœur ; je veux tout, j’accepte tout, je vous fais un sacrifice de tout ; j’unis ce sacrifice à celui de votre cher Fils, mon Sauveur, vous demandant par son cœur sacré et par ses mérites infinis la patience dans nos maux, et la parfaite soumission qui vous est due pour tout ce que vous voudrez et permettrez[1]. »

  1. La prière connue sous le nom de Prière de Madame Élisabeth a-t-elle été composée par elle ? Nous lisons en tête de cette oraison manuscrite insérée dans une Journée du Chré-