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coupables. Puis lui adressant la parole : « Vos collègues ont fait ici cette recherche la nuit précédente ; le Roi a bien voulu la souffrir. — Il l’a bien fallu, répliqua le municipal ; s’il avait résisté, qui eût été le plus fort ? » À ces mots, je crus plus que jamais à la réalité de mes soupçons. Résolu à défendre jusqu’à mon dernier soupir, la vie de mon maître : « Je ne me coucherai pas, dis-je à ce commissaire ; je resterai près de vous. — Fatigué comme vous l’êtes, me dit le Roi, couchez-vous ; je vous l’ordonne. » Sans répliquer à cet ordre, je me retirai ; mais la disposition de la porte empêchant que, de son lit, le Roi pût apercevoir le mien, je m’y jetai tout habillé, les yeux fixés sur cet homme et prêt, au moindre mouvement suspect, à m’élancer au secours de mon maître. Ma frayeur n’était pas fondée ; ce municipal, qui avait pris à tâche de paraître si redoutable, dormit jusqu’au matin d’un sommeil profond. Le lendemain de cette nouvelle scène, le Roi me dit à son lever : « Cet homme vous a causé une vive alarme, j’ai souffert de votre inquiétude, et moi-même je ne me suis pas cru sans danger, mais dans l’état où ils m’ont réduit je m’attends à tout. »

Le surlendemain, le maire écrivit au Roi que