Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/142

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vos mains. Plus ce sacrifice me coûte, plus il vous garantit mon amour pour la tranquillité publique. »

Le lendemain, à son lever, le Roi me témoigna combien cette insulte lui était pénible. Aucune jusqu’alors ne m’avait paru l’avoir affecté aussi vivement. Sa Majesté m’ordonna d’écrire sur-le-champ au maire de Paris ce qui s’était passé la nuit précédente et de lui demander de sa part qu’il fût enfin statué sur le mode dont on devait lui annoncer les arrêtés de la Commune. Pétion ne fit point de réponse.

Ce désarmement du Roi augmenta mes inquiétudes pour ses jours. Le soir même, l’apparition d’un nouveau municipal (c’était un bonnetier) sembla justifier mes craintes. Cet homme, de haute taille, de complexion robuste, d’une figure basanée et sombre, tenant en main un bâton noueux, entra dans la chambre du Roi. Sa Majesté venait de se mettre au lit : « Je viens faire ici, dit-il en entrant, une perquisition exacte. On ne sait pas ce qui peut arriver. Je veux être sûr que Monsieur (il parlait du Roi) n’a aucun moyen de s’évader. »

Ce début était fait pour redoubler mes alarmes : cet homme, disais-je, a sans doute des intentions