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quemment, la nuit, des visites domiciliaires, qu’un grand nombre d’ecclésiastiques, de gentils-hommes, de militaires, en un mot de personnes soupçonnées de ne pas aimer la révolution étaient emprisonnées : j’en informai la Reine. « Je n’ai pas à me reprocher, me dit-elle, d’avoir causé la détention de ceux qui nous servaient : longtemps avant la journée du 10 août, je ne me suis jamais couchée sans avoir brûlé tous les papiers capables de compromettre nos amis. »

Le 24 août, entre minuit et une heure du matin, plusieurs municipaux entrèrent dans la chambre du Roi. Éveillé par le bruit, je me levai à la hâte : je les vis s’approcher du lit de Sa Majesté. « En exécution d’un arrêt de la Commune, dit l’un d’eux, nous venons faire la visite de votre chambre, et enlever les armes qui peuvent s’y trouver. — Je n’en ai point, » répondit le Roi. Ils cherchèrent néanmoins, et n’ayant rien trouvé : « Cela ne suffit pas, reprirent-ils. En entrant au Temple, vous aviez une épée, remettez-la. » Contrainte à tout souffrir, Sa Majesté m’ordonna d’apporter son épée. L’idée de concourir, quoique involontairement, à désarmer mon Roi, me révoltait. Je remis au Roi son épée. « Messieurs, leur dit-il, je la dépose entre