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ces hommes qui assistaient au dîner. — La Patrie, répondit-il avec arrogance. — La Patrie c’est la France », répliqua la Reine. J’en ai vu s’opiniâtrer à rester jusqu’à l’heure du coucher dans la chambre de la Reine, et n’en sortir qu’à force d’instances. Les mouvements, les gestes, les paroles, les regards, tout, jusqu’au silence de Leurs Majestés, était interprété méchamment.

Le service de la tour roulant tout entier sur moi, le roi craignit que la continuité d’une semblable fatigue ne fût au-dessus de mes forces. Pour me soulager, Sa Majesté fit demander au conseil municipal d’envoyer dans la tour un homme propre aux ouvrages de peine. Le maire nomma pour ce service un ancien employé aux barrières de Paris, appelé Tison. Cet homme vint au Temple avec sa femme. Jusqu’au jour où je fus enlevé de la tour, je n’eus à me plaindre ni de l’un ni de l’autre. La femme était d’un caractère doux et compatissant ; son mari, à l’exemple du plus grand nombre des gens de sa classe, était imbu de préventions contre le Roi. Les gagner, et faire en sorte qu’ils allégeassent de tout leur pouvoir la captivité de la famille royale, fut l’objet de mes soins.

J’étais instruit que, dans Paris, il se faisait fré-