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de s’arrêter. La sentinelle, qui crut sa consigne violée, tira sur lui et le tua. La Commune du 10 août, dont il était membre, lui décerne sur les ruines de la Bastille, les honneurs d’un enterrement civique.

Dans le même temps, un autre municipal, maître de pension à Paris, alors commissaire de la Commune au Temple, me remit un mémoire par lequel il demandait à être nommé instituteur de M. le Dauphin : il avait, me dit-il, présenté le double de ce mémoire au comte Alexandre de Beauharnais à l’époque où ce député présidait l’Assemblée constituante. Thomas, c’était le nom de ce municipal, me pria de parler au Roi de sa supplique et d’y joindre mes sollicitations. « Il m’est presque impossible de vous servir, lui répondis-je ; je ne parle au Roi qu’autant que Sa Majesté daigne m’adresser la parole. D’ailleurs, ajoutai-je, dans les circonstances présentes, votre demande ne pourrait être accueillie. » À cet instant, le Roi parut. Thomas protesta de sa fidélité, et manifesta son indignation des insultes journalières dont plusieurs de ses collègues accablaient Sa Majesté. « Je m’abaisserais, dit le Roi, si je paraissais sensible à la manière dont on me traite. Si Dieu permettait que je reprisse un jour les rênes du