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ce moment, la Reine, à portée d’entendre distinctement la voix du crieur, éprouva un saisissement dont elle eut peine à se remettre : il lui resta, depuis, une impression de terreur qui ne s’effaça plus.

Chaque jour mettait à de nouvelles épreuves la patience du roi. Un matin, au moment où Sa Majesté s’habillait, le municipal de service s’approche, et prétendit la fouiller. Sans laisser voir la moindre impatience, le Roi tira de ses poches ce qu’elles contenaient, et le déposa sur la cheminée ; le municipal examina chaque chose avec attention ; puis me remettant le tout : « Ce que j’ai fait, dit-il, j’ai reçu l’ordre de le faire. » Après cette scène, le Roi m’ordonna de ne lui présenter désormais ses habits que les poches retournées : en conséquence, tous les soirs, lorsque le Roi était couché, j’avais soin de vider les poches de ses vêtements. À quelques jours de là, ce municipal mourut d’une manière tragique.

Ce commissaire du Temple s’appelait Meunier. Il était marchand d’images. Emporté dans Paris par un cheval des écuries du Louvre, qu’il avait eu l’imprudence de monter, il passait prés du Pont-au-Change. Plusieurs fois une sentinelle lui cria : « Qui vive ? » Il fut impossible au municipal