Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cipaux sur la table de l’antichambre. Un jour, sur l’un de ces papiers, je lus, écrit au crayon : Tremble, tyran ! la guillotine est permanente. Je déchirai et brûlai la feuille. Ces menaces couvraient habituellement les murs : des soldats factionnaires les crayonnaient jusque sur la porte de la chambre du Roi. Toute mon attention à faire disparaître ces placards n’empêchait pas que les yeux de Sa Majesté n’en fussent quelquefois frappés. Et quels hommes taxaient le Roi de tyrannie ! des scélérats, les oppresseurs de la nation, des monstres souillés de meurtres et de rapines !

Pour donner au Roi une connaissance sommaire des journaux, que, tous les soirs, on venait crier sous les murs du Temple, je montais dans la petite tour à l’heure du passage des colporteurs. Là, me hissant à la hauteur d’une fenêtre, aux deux tiers bouchée, je m’y tenais jusqu’à ce que j’eusse pu saisir les annonces les plus intéressantes ; alors je revenais dans la pièce qui précédait la chambre de la Reine. Madame Élisabeth passait au même instant dans sa chambre : je l’y suivais sous quelque prétexte, et lui rendais compte de ce que j’avais pu recueillir. Rentrée dans la chambre de la Reine, Madame