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pouvoir, pendant sa captivité, en donner les premières leçons à M. le Dauphin, le Roi traduisait les œuvres d’Horace, et quelquefois Cicéron. Pour le distraire de ses études et de son travail, qu’il était toujours pressé de reprendre, la Reine et Madame Élisabeth faisaient avec lui, après le dîner, une partie, tantôt de piquet, tantôt de trictrac ; et le soir l’un ou l’autre princesse lisait à haute voix une pièce de théâtre. À huit heures je dressais dans la chambre de Madame Élisabeth le souper de M. le Dauphin. La Reine venait y présider. Ensuite lorsque les municipaux étaient assez loin pour ne rien entendre, Sa Majesté faisait réciter à son fils la prière suivante :

« Dieu tout-puissant, qui m’avez créé et racheté, je vous adore. Conservez les jours du Roi mon père et ceux de ma famille. Protégez-nous contre nos ennemis, donnez à madame de Tourzel les forces dont elle a besoin pour supporter les maux qu’elle endure à cause de nous ! »

Après cette prière, je couchais M. le Dauphin. La Reine et Madame Élisabeth restaient alternativement auprès de lui. Le souper servi, je portais à manger à celles des deux princesses que ce soin retenait[1].

  1. Le municipal Daujon (peintre et sculpteur qui harangua