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les personnes de sa suite se mirent en marche ; elles eurent peine à traverser la foule dont le corridor intérieur et la cour des Feuillants étaient remplis ; enfin elles parvinrent jusqu’aux voitures destinées à les transporter au Temple. C’étaient deux grands carrosses, attelés chacun de deux chevaux. Le Roi, la Reine, leurs enfants, Madame Élisabeth, la princesse de Lamballe, la marquise de Tourzel et sa fille montèrent dans la première voiture. Le maire, le procureur de la Commune et un officier municipal y prirent place. On révoquera peut-être en doute que deux chevaux aient suffi à traîner une voiture qui portait onze personnes, mais je garantis l’authenticité du fait. Pendant tout le trajet, le maire, le procureur et le municipal affectèrent d’avoir la tête couverte. La seconde voiture portait la suite du Roi et deux officiers municipaux. Des gardes nationaux tenant leurs armes renversées escortaient les voitures. Une multitude innombrable d’hommes diversement armés s’était jointe à cette troupe. On n’entendait que menaces et imprécations.

Au milieu de la place Vendôme, la voiture du Roi fut quelque temps arrêtée. On voulait qu’il contemplât à loisir la statue équestre de Louis le Grand, précipitée au pied de son piédestal, brisée